C’est une tradition française sous la Ve république. A chaque nouveau président, La Poste édite un nouveau timbre à l’effigie de la Marianne. Le choix de la représentation n’est pas anodine, en y regardant de plus près chaque timbre raconte sa petite histoire.
Alors que le président Emmanuel Macron dévoile une nouvelle Marianne, l’occasion pour nous de remonter le temps et d’observer ces visages de la Ve République.

2018 : Marianne l’engagée
par la street artiste YZ (Yseult Digan)
mandat d’Emmanuel Macron.
C’est une artiste féminine, icone de l’art urbain, qui est choisie pour ce timbre.
Présélectionnée par 5500 pupilles de la nation, c’est une « Marianne déterminée, énergique, qui est ancrée dans le XXIe siècle et qui se projette dans l’action » (selon Emmanuel Macron).
Ce visage jeune au regard prononcé, tourné vers l’avenir, dévoilé sur une fresque murale, illustrera-t-il simplement une volonté ou une réalité politique ? Affaire à suivre !

2013 : Marianne de la Jeunesse
par David Kawena et Olivier Ciappa
mandat de François Hollande.
Portrait inspiré de la FEMEN Inna Shevchenko, présélectionné par 1000 lycéens, ce timbre rend hommage à la jeunesse, illustration de la promesse du candidat Hollande.
Bien loin de l’habituelle canon de l’antiquité avec son style graphique issu de la bande dessiné, ce timbre sulfureux, alimenta les polémiques en tout genre (politique, culturelle, religieuse). Certains y verront même un hommage aux BD érotiques de Milo Manara.

2008 : Marianne et l’Europe
par l’illustrateur graveur, Yves Beaujard
mandat de Nicolas Sarkozy.
C’est le début de la présidence du Conseil de l’Union Européenne par la France. Le choix fait par le président met donc en avant cette Europe. C’est donc symboliquement que la cocarde française du bonnet phrygien est remplacée par une étoile du drapeau européen. Portrait vers la gauche assumant les valeurs du passé. L’artiste fait le choix de représenter une « Marianne à l’ancienne » et de mettre également à l’honneur son travail de graveur, par son choix graphique.

2005 : Marianne des français
par l’illustrateur, Thierry Lamouche
mandat de Jacques Chirac.
Dévoilée sur la colonnade de l’Assemblée Nationale, cette Marianne illustre la volonté « écologique » du président Chirac pour son deuxième mandat. L’environnement est mis en avant par cette Marianne-Fleur, le visage tourné vers le ciel, respirant à l’air pur. Un style épuré et très moderne.
A noter, l’apparition des premiers timbres en carnet éco (issus des forêts durables).

1999 : Marianne du 14 juillet
par l’illustratrice et graveur, Ève Luquet
mandat de Jacques Chirac.
Le premier timbre illustrée par une femme, mais aussi le premier timbre à porter la devise de la République : liberté, égalité, fraternité et premier timbre européen ! Cette Marianne au visage angulaire et éclairé rend hommage à la construction Européenne, avec son ciel étoilé.

1989 : Marianne du bicentenaire
par l’illustrateur, Louis Briat
mandat de François Mitterrand.
Pour l’occasion du bicentenaire de la révolution française, le président choisi une représentation moderne de la Marianne. Ce portrait de face (en période de cohabitation est-ce un hasard ?!) est une première. Le traditionnel bonnet phrygien est suggéré par l’emplacement de la cocarde.
Le choix de l’auteur est de faire place au visage et de représenter la République par la présence du drapeau (du moins les 3 bandes verticales).
A noter que c’est le premier timbre à avoir une illustration réalisée sur ordinateur (ce qui ne sera pas du goût des puristes de l’époque), mais également la première apparition du timbre autocollant… fini le léchage !

1982 : La liberté de Gandon
par l’artiste, Pierre Gandon, d’après E. Delacroix
mandat de François Mitterand.
Arrivé au pouvoir, le président souhaite réincarner la République Française. Pour ce timbre, le choix de la Marianne la plus symbolique de France issue du tableau La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix.
La mention « République Française » est de retour. Ce timbre sera également le premier au monde a porter la devise monétaire ECU (monnaie unique européenne) en 1988 (2,20 F = 0,31 ECU).

1977 : Sabine de Gandon
par l’artiste, Pierre Gandon, d’après David
mandat de Valery Giscard d’Estaing
Unir et moderniser la France. Marquer la rupture avec la République Française du vieux monde. C’est un peu le message que souhaite faire porter le président à travers ce timbre. Cette Sabine du tableau de Jacques Louis David illustre l’union et la fin des conflits. L’abandon de la mention République Française par la mention France vient appuyer cette volonté de renouveau.

1971 : Marianne de Bequet
par le dessinateur, Pierre Béquet
mandat de Georges Pompidou
L’art contemporain est mis en avant à travers cette Marianne au trait. Ce timbre répond avant tout à une question utilitaire suite à une réforme tarifaire.
Le visage très carré de la Marianne (statue grecque) ainsi que l’énorme mention du tarif vaudra à ce timbre le surnom de « Roi des laiderons ».

1967 : Marianne de Cheffer
par le peintre et graveur, Henri Cheffer
mandat du Général De Gaulle
C’est un hommage posthume pour cet artiste qui avait proposé sa création au concours de 1954. Choisi par Yves Guéna à l’époque ministre des PPT, ce timbre décrochera le grand prix de l’art philatélique français.
Couronnée d’épis de blé, cette Marianne n’aborde aucun symbole de la République Française. Une Marianne aux allures de la déesse romaine Cérès.

1961 : Marianne de Cocteau
par l’artiste, Jean Cocteau
mandat du Général De Gaulle
Sous l’impulsion du ministre des affaires culturelles André Malraux, cette réalisation artistique est également une prouesse technique pour l’impression du timbre à l’époque.
La Marianne de Cocteau, bien loin des représentations habituelles affola les critiques de l’époque.
Ce profil au long coup, casqué d’un bonnet phrygien sur fond de guirlande en fleurs et de drapeaux RF reflète l’ambiance d’un 14 Juillet.
L’artiste sera ravi de cette « Marianne poétique » préférant de loin « ce visage familier à quelque froide Minerve ».

1960 : Marianne de Decaris
par le peintre décorateur, Albert Decaris
mandat du Général De Gaulle
En pleine transition dans les techniques d’impression du timbre (pour des économies) et dans l’urgence de remplacer le précédent timbre en plein désamour ; Albert Decaris a été mandaté sur la réalisation de ce timbre bicolore. Une Marianne non coiffée au profil « pure et aristocratique ». On note la présence d’épi de blé, clin d’oeil à cette France rurale qui s’embourgeoise.

1959 : Marianne à la nef
par le peintre, André Regagnon
mandat du Général De Gaulle
La nouvelle République souhaite se doter d’un timbre-poste de consommation en 2 couleurs. Très rare représentation de la « République en pieds » illustrée par cette Marianne à la proue d’un bateau, au soleil levant. Nouvelle aube pour une nouvelle République ?
Cette Marianne à la nef n’aura pas le succès souhaité. Surnommée la bonne femme au bateau, le désamour pour ce timbre obligera son remplacement.