À chaque élection son affichage de résultats et ses superlatifs à tout va. On a tous en tête les fameux « 1er parti de France », vague, raz de marée et pire encore « la majorité ».

Le superlatif, des mots et des visuels

Quand on regarde la Une des médias à la suite de l’élection de François Fillon, lors des primaires de la droite et du centre, on a une drôle d’impression. On nous parle de triomphe, de lame de fond, de vague, de raz de marée, de mise en orbite, de 66 %Fillon victoire Une des journaux
Après la Une et son vocabulaire peu varié, on tombe sur des datavisualisations classiques. On y voit une majorité pour François Fillon, une victoire dans la France quasi entière (DOM-TOM inclus). Limite, j’ai l’impression d’être le seul à ne pas avoir participé à ces primaires.

Mais qu’en est-il vraiment ? Qui se cache derrière ses 66 % ? Ça représente combien d’individus par rapport aux Autres ?

 

Le changement d’échelle

Si l’on regarde de moins près, que l’on sort de ce microcosme politique et médiatique. Que moi, citoyen français, n’ayant pas participé au vote de la primaire, puisse être inclus et être représenté.
Et bien, c’est une tout autre chanson : le nombre de personnes votant pour François Fillon ne représente que 4,4 % de tous les Français… Sacré raz de marée, non ? (J’avoue il faut parfois savoir se contenter de peu dans la vie).

Fillon choisi par 4.4% des français

Qu’en comprendre ?

La façon de représenter et de parler d’un résultat électoral est une façon de manipuler les chiffres et certainement d’influencer notre opinion. C’est le principe du sondage et du prisme médiatique, on nous montre ce que l’on veut nous faire comprendre ou ce que l’on veut entendre.

C’est l’objectif de ces représentations graphiques. Je suis le premier à marteler dans mes cours, que pour faire passer un message il faut choisir les visuels et les bons chiffres pour être compris le plus simplement. Je ne dis pas de manipuler pour mentir, je dis de manipuler pour améliorer la clarté, l’impact et la mémorisation du message à faire passer.

Le danger, c’est le cas ici, est de focaliser sur un microcosme et d’avoir l’impression d’être dans une majorité. C’est un des grands travers de nos réseaux sociaux, salons privés, et autres informations continues.

Si l’on regarde sur d’autres élections, on pourrait s’apercevoir que la majorité est silencieuse et de ce fait, soulever la question de la légitimité de l’élu.
Peut-être s’apercevoir aussi que du haut de son pupitre on n’est pas si représentatif d’un peuple… un peu d’humilité.

Que Fillon communique sur le fait qu’il est élu à la majorité des partisans de son corps électoral ne me pose aucun souci. Il est légitime au sein de son parti et utilise un principe marketing en sa faveur.
Que les médias ne prennent pas le temps de changer d’échelle et laisse sous-entendre à une victoire nationale me pose un problème au niveau du droit d’information et de pédagogie de notre société.
(le monde n’est pas rose, je sais, on me l’a déjà dit)

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Comment faire parler les chiffres dans vos présentations (pratique pour vos réunions)